mardi 24 juillet 2012

Je me suis réveillé au Paradis 1.1


Image du Blog elfia.centerblog.net
Episode 1.1 : Je me suis réveillé...


J'ai ouvert les yeux et j'ai vu un ange.

Elle a dit : « Bonjour ! », avec un sourire éclatant planté dans un visage vert pâle.

Ses yeux émeraude me fixaient, sous de fins épis couleur paille mêlés de brins d'herbe.

Quant à ses oreilles !...
J'ai refermé les yeux ; les elfes, ça n'existe pas.
« Je sais que t'es réveillé. »

Elle avait une voix douce et mélodieuse, mais jeune.
Trop jeune, pour comprendre qu'elle n'était qu'un rêve.
Douze ans... treize, peut-être.
J'ai essayé de la chasser, comme on chasse un moustique.
Du fond de la couverture où j'essayais de me rendormir, j'ai marmonné :

« Non , laisse moi ! »

Je me suis retrouvé assis ; moi aussi, j'avais une voix d'enfant !

Je contemplais un visage vert. C'était joli. Lumineux, même.

Une lueur amusée dansait au fond de son regard au blanc aussi éclatant que les perles de son sourire.
Ses cheveux en épis laissaient respirer des oreilles délicates et pointues.
Elle était assise sur une chaise blanche, les mains croisées sur un collant vert clair. Sa tunique, plus foncée, laissait voir un léger renflement à hauteur de poitrine.

J'ai croisé son regard...
Gêné, j'ai détourné le mien.

« Mais... mais... balbutiais-je en balayant la pièce des yeux. »

J'étais dans une chambre, assis sur un lit simple, les jambes encore allongées sous une grosse couverture feuille de chêne. J'ai posé les mains dessus en relevant les genoux ; c'était incroyablement doux au toucher et léger comme une plume.
Un parfum de fleurs emplissait mes narines.
On n'entendait rien.

« C'est pas possible, je rêve ! »

Les murs d'un blanc ivoire s'ornaient de plinthes vert pâle.
Même les meubles s'éclairaient d'un vert éclatant ; une commode, un bureau et une table de nuit près du lit... avec un liseré or autour des tiroirs.
A gauche, par une fenêtre, je distinguais des arbres, dehors.

« Tiens, bois ça ! »

Elle me tendait un grand verre transparent, où pétillait un breuvage rose.
Elle n'avait pas bougé.
Près d'elle ; juste une table de chevet, au tiroir clos.

D'où venait ce verre ?

« Ca va pas te tuer si tu rêves !
- Mais... mais...  »

Ma main se tendait machinalement vers le breuvage.

« Mais enfin, t'es une elfe ! On est où ?
- Une elfe ? »

Elle a semblé réfléchir un instant, la tête penchée sur le côté, puis :

« Je suis pas une elfe ! Attends... »

Soudain, tout est devenu bleu...

« Tu vois, je suis pas une elfe ! »

Tout ce qui était vert, sauf les arbres, dehors. Même sa peau, son regard et les mèches, dans ses cheveux !

« C'est vert, les elfes, non ? »

J'ai refermé les yeux dans un vertige.

Puis je me suis souvenu que c'était un rêve.
L’elfe était toujours là ; je l'entendais encore :

« Ferme les yeux si tu veux, mais tu vas en mettre partout ! »

C'était un rêve ; je les ai rouverts !

Encore.

Tout était bleu.
Pas vert.

Sauf les murs... des murs changeants !
Des murs vivants... comme recouverts d'une brume ivoire, mais à l'intérieur. S
il ny avait pas eu les plinthes vertes au sol et au plafond
J'ai saisi le breuvage.
Ca pétillait sur la paume de ma main, même à travers le verre. Il était froid, presque engourdissant.
Je l'ai porté à ma bouche pour en prendre une gorgée.

Ca avait un goût de fraise, très prononcé mais agréable. Des milliers d'épines minuscules frappaient ma gorge de l'intérieur, avec la fraîcheur du monde réel.
Mais rien n'avait de sens autour de moi.

« Merci !
- A ton service. »

Même en bleu, elle était jolie.
Son teint ciel faisait ressortir des lèvres nuit aussi délicates qu'une gousse de vanille.
De sa tunique bleue marine émergeaient les manches d
un haut plus clair qui coulait presque jusquaux coudes.
Ses cheveux semblaient plus longs. Toujours blonds, mêlés de mèches bleues, ils encadraient maintenant ses oreilles pointues et son visage.

Son visage...

Son visage avait quelque-chose de familier.
J
ai levé mon verre en plongeant les yeux dans un regard turquoise. J'y ai posé les lèvres...

Un feu dartifice à la fraise descendait la rampe de mon gosier.
Ca pétillait fin ; dans ma gorge, dans ses yeux... Ca partait dans tous les sens. Je sentais mon cœur cogner et ces milliers de pointe daiguilles frappant contre mon palais...

« Comme le picottement des pierres chaudes ! »
- Quoi ? »

J'ai réalisé alors que j'avais pensé à voix haute.

« Heu, non, rien ! Laisse tomber. »

Trop tard, il s'était passé quelque chose.

Mais quoi ?

A présent, elle regardait ses genoux. Son teint s'était assombri, mais à son expression, elle était en train de rougir en bleu. Elle faisait visiblement de gros efforts pour contenir une émotion intense.


« Si t'es pas un elfe, alors, t'es un ange, insistais-je ? Parce que, je te préviens d'avance, je crois pas en Dieu !
- Ecoute, finis ton verre ! »


Elle s'est levée sans me regarder, pour se diriger vers une porte devant le lit.
Une porte bleue et ivoire.
La main sur une poignée en bouton d'or, elle a ajouté :

« Prends ton temps ; je suis à côté. »

Elle a ouvert la porte et elle est sortie.

A suivre...

Eric Gélard

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