mercredi 29 août 2012

Je me suis réveillé au Paradis 1.2

Bienvenue à la Nouvelle Remungol !


Après avoir été réveillé par une elfe à la peau verte puis bleue ; je me retrouvais au lit dans une chambre bleue qui était verte à mon réveil, un breuvage étrange à la main et un goût de guimauve à la fraise au fond de la gorge.

Il m'a fallu un moment, avant de bouger.
Face à moi, la porte entrouverte m'invitait à plonger plus profond dans le rêve.
Bleue avec des panneaux ivoire chargés de brouillard, elle tendait vers moi une poignée en bouton d'or.
J'entendais  une voix, au-delà de cette porte, trop étouffée pour que je puisse comprendre. Mais je reconnaissais la voix de l'elfe ; une voix... tellement familière mais jeune !

J'ai sorti une jambe de cette étrange couverture douce et légère désormais bleu-roi ; une toute petite jambe gauche. Elle a glissé sur le côté du lit, rapidement suivie par sa sœur alors que je m'asseyais en repoussant la couverture. J'avais les jambes vêtues de braies blanches taillées sans une seule couture dans un tissus incroyablement léger, doux au toucher et brillant !

Elles semblaient si petites, mes jambes !

En haut, j'étais couvert d'une simple tunique du même tissus, mais... tellement courte !
Poussant sur une mains, je me suis levé ; elle m'arrivait à peine aux hanches alors que moi-même, j'avais une taille d'enfant.

Je tenais toujours un verre à moitié plein dans la main droite. Le liquide rose pétillait à l'intérieur. Je l'ai porté à ma bouche. J'en ai bu une gorgée ; à nouveau cette sensation coulait le long de ma gorge... j'ai fermé les yeux.

Je voyais une main, ma main ! Pas cette main d'enfant qui tenait mon verre, mais la mienne ; une main adulte, serrant une pierre étrange. Celle-ci, terne mais chaude, bombardait ma paume de milliers de minuscules épines chatouillant la peau avec la même intensité que cet étrange feu à la fraise ma langue et mon palais.

J'ai levé mes paupières...
Les yeux à demi-fermés, j'ai relevé la tête.
Dehors un arbre dansait au gré d'une forte brise... sous un ciel bleu.
Son feuillage vert frétillait au-delà d'une fenêtre rectangulaire composée d'un seul vitrage.

Les pieds nus dans une moquette extraordinairement douce, j'ai fredonné :

« Pas un chêne, ni un châtaignier... pas un frêne, ni un marronnier... »

La vieille ritournelle me semblait surgie du fond des âges.  J'ai continué ainsi, le verre à la main. Les feuilles défilaient devant mes yeux mi-clos ; « feuille de bouleau, feuille de pommier... », ainsi que les arbres, leurs formes ; « ombre de sureau, reflet de poirier »...

Pendant quelques minutes, tous les arbres de mon répertoire y sont passés ; celui-ci n'en faisait pas partie.
Je sentais le verre s'alourdir, dans ma main droite. Il était pourtant vide. Le coude engourdi, je l'ai passé à gauche... j'avais les doigts si courts !

Pliant les genoux, je l'ai posé sur la table de nuit.

J'ai fait un pas vers la porte, dans la moquette bleu-ciel.
La voix venait de plus à gauche ; elle semblait traverser le mur au-dessus de la commode bleue aux tiroirs liserés or. Elle paraissait surgie de ce brouillard ivoire qui emplissait le mur, dansant au gré de la brume.

J'ai traversé la chambre jusqu'à la porte ; la moquette était chaude !
Tendant le bras droit vers la poignée en bouton d'or, j'ai plié le genou gauche. J'ai passé l'autre main sur la plante de mon pied ; chaude... c'était agréable !

J'ai reposé le pied.
La voix de l'elfe semblait vraiment sortir du mur, sur la gauche.
C'était impossible !
Ça se passait forcément de l'autre côté.
Je pouvais presque distinguer ses paroles.
Elle s'écriait :

« Mais oui ! Une heure ! »

Elle est repartie dans un monologue assourdi et incompréhensible.
Tirant la poignée, j'ai ouvert la porte.
De l'autre côté, tout était rose.
De la main gauche, j'ai attrapé le chambranle. J'ai fait un pas en avant.
J'ai juste eu le temps d'entrevoir droit devant une autre porte qui flottait dans le vide d'un brouillard rose ; sur la droite un comptoir de marbre fuchsia sur lequel perchaient deux étranges oiseaux roses au bord de vasques rose-bonbon ; sur la gauche un bassin en granit rose rempli d'eau, au bord duquel perchait un volatile tout aussi rose deux fois plus gros que les autres.

Je me suis exclamé :

« Oups ; pardon ! Je veux pas déranger... »

Avant de me rendre compte d'une part que je venais de m'adresser à des piafs et d'autre part que lesdits oiseau étaient en marbre.

Pas de trace de l'elfe.

Reculant d'un pas, j'ai refermé la porte.

La voix sortait vraiment du mur !

Alors je me suis approché de la commode.
Campé sur mes petites jambes et sur mes petits pieds nus, j'ai posé les deux mains sur la surface de celle-ci et j'ai plongé mon regard dans le mur.

Rien.

Rien d'autre que ce brouillard ivoire qui me narguait de ses volutes dansantes et cette voix douce et lointaine... je la comprenais presque ! Elle disait :

« Tut, tut ! On n'est plus à l'âge de Pierre !... »

J'ai pris un grand bol d'air.
Expirant, j'ai soufflé... la brume s'est écartée !

Écarquillant les yeux, j'ai soufflé encore ; j'ai chassé le brouillard pour découvrir...

Comment trouver les mots pour décrire ça ?

Là, dans le mur en face de moi... à peine à quelques pouces !
Il faisait nuit, c'était les bois... comme un oiseau, je voyais d'en haut une... un...
Un véhicule ; c'était certain.
Mais tiré par aucun cheval. Par rien, en fait... gris, évoluant sur une route sombre à la surface aussi lisse que celle d'un mur.
Là, dans le mur en face de moi, c'était un autre monde ; avec même un haut et un bas orientés différemment !

Voilà ce que j'ai vu dans le mur, après m'être éveillé dans cette chambre bleue mais verte quand j'ai ouvert les yeux, accueilli par une elfe capable de changer de couleur.

J'entendais mieux la voix ; elle contait :

« Mais comme c'est supergol ! Sauf que ça capte rien quand le son grille la machine. Du coup, on s'est perdus... »

A mesure que la voix contait, tout ce qu'elle disait se déroulait là ; sous mes yeux à l'intérieur du mur.

Je voyais l'étrange carrosse parcourir les campagnes, arriver à un village bordé d'arbres fins et droits diffusant de la lumière en leur sommet...

Un pur rêve de fou !

La voix psalmodiait :

« On visait un village du nom de Nouvelle Remungol. Ça ; impossible à oublier, surtout dans les Cévennes. Genre ; ça devait être un village d'expatriés bretons.

Mais lui, là ; Supergol, ça le faisait marrer ! Il s'esclaffait :

« C'est Supergol, non ? On quitte la Bretagne, on fait huit-cent bornes pour aller en teuf et hop ! C'est chez des bretons ! »

Ceci presque en boucle ; je l'aurais frappé !
Mais je me retenais...
Je sais pas comment.

Mon mec, lui, tenait son volant des deux mains, le regard perdu dans sa conduite, comme d'habitude. Il conduisait vite, mais bien ; il parlait peu, voire pas.

Je bouillais littéralement à côté du lui ; j'avais déjà envie de bondir sur l'autre abruti pour... je ne sais pas, moi ! Avec un peu d'imagination... ; foutre à poil ce connard et graver à l'ongle une carte sur son bide pour, au moins, trouver le chemin du retour !

A côté de lui, sa copine à tête de tresses comptait pour la énième fois sa liasse de billets en rêvant sans doute à la dépouille qu'elle allait se payer. Je lui en aurait bien offert une, moi, de dépouille !

Mortuaire !

Mais à force de tourner sur des routes à peine assez grandes pour laisser passer un cheval, on a fini par trouver la Nouvelle Remungol ; un charmant petit village aux toits d'ardoise encore insolites pour la région, presque au pied d'une montagne.

Et tu sais quoi ? On l'avait déjà visitée !

Deux fois !

La première fois, on a juste traversé, parce que d'après Gogol, c'était pas là.

Il faisait déjà nuit depuis plus d'une heures.

A l'entrée du patelin, le panneau affichait : Remungol-Nevez. Il était rapidement suivi d'une affiche de bienvenue annonçant à renforts de diodes luminescentes blanches sur fond noir : Degemer mat e Remungol-Nevez. Le texte se terminait par un magnifique drapeau breton, toujours en diodes blanches sur fond noir.

Fred s'est écrié :

« Regardez ! On y est presque ! »

Plus pour me détendre qu'autre chose, j'ai réagi d'une voix monocorde :

« Youpi ! On a trouvé la Nouvelle Remungol ! Plus qu'à découvrir une terre-promise perdue dans les bois !
- Ah non, a repris Duglue tout fier de sa bêtise ! On n'est pas à la Nouvelle Remungol ! T'as bien vu le panneau ? On est à Remungol-Nevez. Mais ça veut dire qu'on y est presque !
- Et t'as vu ça où ; dans une boule de cristal ?
- Mais t'y connais vraiment rien, Cocotte ! C'est souvent, que des villages voisins portent des noms voisins. Donc, la Nouvelle Remungol, c'est le village suivant ! »

Sur le moment, j'ai rien dit ; il y avait comme une logique à sa connerie.

On a donc traversé Remungol-Nevez.
Avec nous dedans, la voiture est passée entre des maisons entourées de jardins  à peine éclairés par les lampadaires. Elle a traversé une place où trônaient une église et une boulangerie à l'ancienne... Fred a même fait Coucou au passage au panneau annonçant que nous quittions Remungol-Nevez. Il a ouvert la vitre de son côté et il a fait un signe de la main en déclamant :

« Au-revoir, Remungol-Nevez ! Nous te reverrons au retour ! »

Tu parles ! Le retour n'a pas été long !

La route descendait vraisemblablement vers une plaine. On a sinué pendant, je ne sais pas... quatre ou cinq kilomètres, en scrutant les embranchements et les chemins alentours.

Rien.

A part, au bord d'un embranchement en patte d'oie sur la gauche, deux fourgonnettes de la gendarmerie derniers modèles, deux motos et six de ces messieurs de la maréchaussée occupés à contrôler un van blanc-crème.

Fred s'est écrié :

« T'arrête pas ! »

On a continué ainsi pendant encore à peu-près trois bornes.

Mais voilà ; c'était une impasse !
La route débouchait sur ce qui ressemblait à un lotissement privé. Une demi-douzaine de maisons entièrement construites en bois, mais grandes !
De magnifiques chalets eux aussi entourés de jardins. On en a admiré les superbes toits en ardoise et en double-pente prononcée depuis une barrière automatique orange fermée à l'entrée du lotissement.
A côté de celle-ci, un simple écran lcd monté sur un poteau en fer affichait sur fond bleu :

Privé ; colporteurs interdits : veuillez sonner ci-dessous.

Sous l'inscription, un cercle blanc invitait à y presser l'index.
On n'est pas restés pour essayer.

On a fait demi-tour et on est retournés à Remungol-Nevez.
Là, Fred nous a fait tourner pour chercher des panneaux. Il y en avait plein, mais tous indiquaient des lieux-dits aux noms dignes de celui qu'on cherchait et qu'on avait perdu en grillant le seul accès internet de la voiture. Des noms ultra oubliables ; dignes de Mister Supergol ! Ou encore des noms mal interprétables ! Par-ci se tenait le Trou des Forges, et trois-cent-mètres plus loin par là ; les Forges du Trou !

Comment veux-tu retrouver ton chemin dans une pelote pareille ?
Et ça au pied d'une montagne ; c'est fort !
Au bout d'un moment, Dugenou a dit :

« De toute façon, c'est pas ici, la Nouvelle Remungol. Donc, c'était dans notre dos ; on l'a dépassée sans faire exprès. En fait, c'était le village précédent et on l'a pas vu.»

Comme ça, il nous a littéralement fait faire demi-tour, et on est repartis sur la route par laquelle on était arrivés au départ.

Sa copine, elle, continuait de compter ses tunes sans rien dire.

Quand on est arrivés à la bretelle de l'autoroute pour Alès, là ; j'ai dit d'un ton que je reconnais un peu sec :

« Et on fait quoi, maintenant ? Le village précédent, y'en a pas non plus ! »

C'est marrant ; là, il a rien répondu, Supermol !
Du coup, on est revenus à Remungol-Nevez.

Encore.

Cette fois-ci, quelqu'un nous attendait sur la place de l'église.
Sous un lampadaire, assis sur un banc en thermoplastique blanc : deux pépères en pleine conversation... on aurait dit ceux du Muppet-Show ; en haut sur leur balcon !
Vêtus de vestes brunes et de pantalons taillés dans la même toile ; deux pépères en chaussons qu'on n'aurait pas pu louper les premières fois !
Les mecs étaient forcément venus s'installer le temps de notre dernier aller-retour au pays des gens perdus. Mais à les voir, c'était comme s'ils nous attendaient là depuis des heures !

Là, mon mec a arrêté la voiture. On a contemplé les petits vieux pendant quelques instants sans rien dire, puis l'un d'entre eux nous a vus. Chauve sur le dessus mais garni sur le tour d'un collier de cheveux blancs, il a levé une impressionnante moustache blanche puis son corps de grand-père pour venir vers nous d'un pas patient.

Très patient !

L'autre le suivait derrière ; blanc aussi, chevelu davantage mais imberbe.

« Mais, heu... tu fais quoi, là, s'est étonné Fred à l'intention de mon mec ?
- Mais, on va se renseigner, a répondu celui-ci !
- Mais qu'est-ce que tu veux qu'ils en sachent, eux ; c'est pas eux qui organisent !
- Mais il vivent là, non ?
- Mais... »

Le dernier mais en suspens, cet imbécile a fini par lâcher :

« Mais enfin ! Tu crois que ça leur plaît, à eux, un teknival chez eux ? Ils feront ce qu'ils peuvent pour nous perdre, oui ! »

De toute façon, c'était trop tard ; le petit vieux présentait sa paire de moustaches à ma fenêtre :

«  Ceux-ci ; sont perdus, ruminait-il entre sa dernière dent tandis que je baissais ma vitre ?
- Heu... non, non ; merci... a commencé Fred ! »

Je ne l'ai pas laissé aller plus loin :

« Si, si ; merci ! Nous cherchons le teknival des Poches, me suis-je écriée avec soulagement !
- Houlààà ! »

Le vieux a semblé réfléchir un instant, le menton dans une main, puis :

« Vous cherchez le Tek-Noz ?
- Oui ! C'est ça !
- Le quoi, s'étonnait l'ahuri derrière ? »

Là, je me suis violemment retournée vers lui :

« Le Tek-Noz ! C'était écrit en grand sur le flyer que t'as grillé, connard ! »

Prenant son temps, un ange est passé. La tête aussi rouge que son crâne, Fred paraissait comme coincé par une colique sur le trône. Enfin, le vieux a dit avec un sourire :

« Faut pas vous énerver, mademoiselle ; v'z'allez gâcher vôt jôôli teint !
- Pardon, est- intervenu mon mec ? »

C'était la première fois du voyage que je le voyais exprimer quelque-chose. Il faut le connaître pour comprendre ; il n'est pas vraiment du genre à exprimer ses sentiments. Là, le vieux a dit en affichant  la surprise :

« Oh, désôôlé ! »

Il avait un accent du terroir, c'était certain, mais lequel ?

« J'avais pas vu qu' c'était la tienn' ! »

La façon qu'il avait d'accentuer au milieu des mots dévorait bien les dernières syllabes à la sauce bretonne, mais dire qu'il prenait son temps serait un euphémisme.

A croire qu'il attendait une réponse non seulement à chaque phrase, mais aussi à chaque mot ! Même le plus détendu des bretons ne serait jamais assez patient pour parler mille fois plus lentement qu'un suisse.

Celui-là : si !

« Mais alors, c't à toi de lui faire des môô- ts doux ! Tu le fais ; si ?
- Je vois pas en quoi... a commencé mon mec »

Il s'est arrêté la bouche ouverte. Il a levé une main vers sa tempe, posant la paume contre la partie dégarnie autour de ses oreilles. Là, il s'est mis à caresser ses cheveux courts et noirs du bout des doigts. C'est son tic ; quand on le met mal à l'aise.

Finalement, il a dit :

« Heu, merci, c'est gentil, mais... on cherche la Nouvelle Remungol !
- Mais, vous y êt', don !
- Ah bon ?
- Mais oui ! Ca veut dir' noûûveau ; nevez !
- Ah, bon !... alors, heu... on cherche le Tek-Noz ! »

Le vieux a plaqué ses mains sur ses genoux, il a tourné la tête vers la route doit devant nous en levant la main droite puis, en nous regardant à nouveau :

« D'habîîtud', je dirais la route la meilleure, mais y'aurait un ch'min plus court. »

On a tous hoché la tête, comme s'il venait de nous apprendre une nouvelle extraordinaire.
Il a laissé passer quelques secondes. Derrière lui, l'autre pépère nous contemplait avec un sourire tout aussi édenté.

« Mais là, poursuivait le premier... en fait... non ! »

Le clocher de l'église s'est mis à égrainer les heures : dong ; une heure ! Dong ; deux heures !...

« Y'a qu'une route ! »

Dong ; trois heures !... Dong ; quatre !

« Alors... »

Dong... dong !

« V'z'allez toûût droit... »

Dong... dong !

« Et là ;... »

Dong... dong !

« Après kêêk's Kilômèt'... »

Dong...dong !

« Vous demandez à la Maréchaûûssée ;  y gard'nt le ch'min pour aller au Tek-Noz ! »

Et là, Mister Supergol le Mongol s'est écrié :

« Il est minuit ! Vous voyez ; on arrive tôt ! C'était pas la peine de s’exciter, comme ça ! »

J'ai encore perdu mon calme :

« Mais t'as écouté, au moins ? C'était au niveau des gendarmes !
- Oui, et alors ? On y est presque, oui ou non ? »

A nouveau ; un silence.

En parlant d'euphémismes... tu vois : là, ce serait un euphémisme, rien que de dire que c'était un euphémisme quand j'ai dit :

« J'en ai ma claque ! »

Le vieux a ajouté :

« Bon, ben... content de vous avoir rendu sêêrviss' !
- Merci, a lancé mon mec d'une voix indécise. Et, heu... bien à vous, hein ! »

Le vieil homme, qui commençait déjà à partir, s'est retourné... il est revenu. Il a dit en montrant une maison :

« De rien ! J'habite là, à côté ! On v'za vus toûûrner, alors on est v'nus voir ! »

Quelques secondes sont parties encore, comme ça, dans le silence. Puis le vieux a ajouté :

« Et faites attêntion ! Arrivés aux châââlets, c'est trôôp loin ! Nôôz vâât ! »

Puis il est parti rejoindre son collègue déjà presque assis sur le banc.

Et voilà !

On est repartis, nous aussi !
On a repris la route ; la bonne : dans l'intention de demander notre direction aux gendarmes.
Sur la banquette arrière, le champion de l'Univers toutes catégories en connerie domestique et autres s’affolait, s'exclamant :

« Mais vous êtes pas biens ! On va pas demander la route aux keufs ! Vous croyez quoi ; qu'ils vont gentiment nous dire où ça se trouve ? Ils vont nous balader, oui !
- Eh bien ils nous baladeront, ai-je hurlé à pleins poumons en crachant sur ce sous-primate ! Ce qui est sûr, c'est qu'ils le feront pas aussi bien que toi, pauv' gland ! »
Et là, tu sais ce qu'il m'a répondu, ce crétin ? Blanc comme un linge, il m'a dit :

« Mais non, mais, heu... enfin... on y est presque... et tant pis ! Tiens, tu vas voir : si tu me laisses leur parler, aux gendarmes... en les embobinant un peu ; moi, je te trouverai où c'est ! »


A suivre...
Eric Gélard

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire